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23 mai 2017 par Alexandra Toupin

Ce que vit le bébé à la naissance

Mettez-vous à la place du fœtus

Imaginez-vous dans le ventre de sa maman, et tentez de deviner ce qu’il voit, entend, touche, sent/goûte, et les mouvements qu’il peut faire. Remplissez le tableau suivant :

Sensations

Dans le bedon

Hors du bedon

Vision

Ouïe

Tactile

Mouvements

Goût

Odorat

.

Voyez quelques réponses à la fin du texte.

Le nouveau-né

D’abord, il est important de comprendre que le nouveau-né n’a jamais vécu que dans un milieu liquide. Il ne connaît pas la sensation de froid ni de chaud, car la température dans le ventre de sa maman était toujours réglée au quart de tour! De plus, il n’a jamais senti d’air sur sa peau, n’a jamais eu d’air dans ses poumons, de lumière vive dans ses yeux, n’a jamais entendu de bruits forts, et n’a même jamais senti la gravité hors de l’eau.

Il ne connaît pas le principe de l’immobilité et du silence, car dans le ventre, il y avait toujours du mouvement et du bruit, même la nuit. Il n’a jamais reçu d’autres caresses que celle de l’eau, du placenta ou du cordon ombilical, ce qui fait que, souvent, il préfère d’abord la sensation englobante et remplie de chaleur d’avoir des mains qui sont posées sur lui sans bouger, plutôt que celle d’avoir des mains qui le « flattent » ou le massent.

Bref, toutes ses préférences sont dirigées vers un seul objectif : le rassurer en lui faisant retrouver ses repères sensoriels de sa vie intra-utérine.

Le foetus

Ensuite, sachez que le fœtus humain naît « prématurément » dans son développement physique par rapport à d’autres mammifères, notamment ceux qui sont restés quadrupèdes (quatre pattes) dans leur évolution, car leur bassin est souvent plus large que celui des bipèdes (comme les humains).

Autrement dit, les femmes humaines donnent naissance à leur bébé avant qu’il ait atteint un certain stade de son développement physique, alors que beaucoup d’autres mammifères quadrupèdes attendent, pour mettre bas, que le fœtus ait atteint un stade de développement physique assez avancé pour lui permettre davantage d’autonomie dès la naissance. Par exemple, les petits chiots peuvent marcher très rapidement après la naissance, alors que les bébés humains mettent plusieurs mois à se déplacer seuls, ne serait-ce qu’à quatre pattes.

Ce qui explique que les bébés naissent « prématurément » chez les humains, c’est, entre autres, qu’à l’inverse de leur développement physique, leur développement cognitif, lui, est très rapide. Pour vulgariser grossièrement, disons qu’ils naissent avec un gros cerveau et un petit corps.

Puisque le bassin de sa maman ne peut pas permettre de laisser passer une trop grosse tête, il fait un compromis entre sa capacité de donner naissance à un bébé assez développé (gros) pour lui permettre de respirer seul, de téter pour se nourrir, etc., et son besoin de restreindre la grosseur du bébé pour faciliter l’accouchement. Je vulgarise, mais en gros, c’est pas mal ça!

Les bébés

Maintenant que vous savez que les bébés humains naissent à un stade très précoce de leur développement, vous comprendrez également qu’ils bénéficient ÉNORMÉMENT de la « méthode kangourou » dans les premiers mois de leur vie. Pour ceux qui ne la connaissent pas, la méthode kangourou consiste à faire du « peau à peau » avec bébé aussi longtemps et souvent que possible. Il a été prouvé que le peau à peau :

  • Aider le bébé à stabiliser sa température corporelle (lutte contre l’hypothermie);
  • Favorise l’allaitement;
  • Favorise le lien d’attachement entre maman et bébé;
  • Suscite des comportements plus maternants chez les mamans;
  • Stabilise les signes vitaux du bébé : respiration, fréquence cardiaque, glycémie;
  • Diminue les pleurs chez le bébé;
  • Aide la maman à se sentir plus calme et moins anxieuse;
  • Diminue le risque d’hémorragies postpartum chez la maman;
  • Favorise la production de lait chez la maman;
  • Etc.

(Pignol Jérome, Lochelongue Véronique, Fléchelles Olivier, « Peau à peau : un contact crucial pour le nouveau-né », Spirale, 2/2008 (n° 46), p. 59-69.
URL: http://www.cairn.info/revue-spirale-2008-2-page-59.htm

Les bienfaits du peau à peau

Les bienfaits du peau à peau sont encore plus impressionnants chez les bébés prématurés, petits ou malades1

De plus, les bienfaits du portage physiologique sont maintenant bien connus :

  • Les bébés portés pleurent beaucoup moins;
  • Les mamans qui portent et allaitent plus longtemps leurs bébés;
  • Les bébés portés développent davantage un lien d’attachement sécurisant;
  • Le portage facilite la digestion du bébé (diminution des coliques et des reflux);
  • Le portage favorise le développement cognitif (stimulation sensorielle dans un contexte sécurisant);
  • Le portage favorise le sommeil chez les bébés;
  • Le portage contribue au bon développement physique du bébé (meilleur tonus du cou et des muscles du dos, améliore son équilibre, stimule ses muscles stabilisateurs, diminue les risques de « tête plate », etc.);
  • Etc.

(Le portage, Naître et grandir, juin 2015, http://naitreetgrandir.com/fr/etape/0_12_mois/soins/fiche.aspx?doc=bg-naitre-grandir-portage#_Toc468708189)

Investir dans un atelier de portage

Bref, ça vaut vraiment la peine d’investir un 20 à 30 $ pour un atelier de portage débutant, dans lequel une monitrice certifiée vous explique les types de porte-bébés disponibles et peut vous conseiller sur le modèle qui vous conviendra le mieux, en plus de vous montrer à l’utiliser correctement pour éviter de vous prendre la tête ou de porter votre bébé de manière non physiologique (où vous risqueriez de lui nuire sérieusement).

Vous pouvez trouver plusieurs ateliers de ce genre en faisant une recherche sur Internet, mais je me permets de vous conseiller ceux animés par Jade Michaud, monitrice certifiée CBS, offerts pour la modique somme de 20 $ au Centre Pause Santé Maternité (Terrebonne), à la boutique l’Enfantillon (Laval), et à domicile. Pour connaître les futures dates d’atelier, vous pouvez consulter l’onglet « événements » de  la page Facebook du Centre Pause Santé Maternité, via ce lien.

Cela dit, la prochaine fois que vous entendrez votre bébé pleurer, que vous vous demanderez pourquoi il a autant besoin d’être rassuré, ou que votre belle-mère vous rabâchera que vous allez en faire un enfant gâté à force de toujours le porter, rappelez-vous de l’exercice que vous venez de faire et tentez de comprendre à quel point ça peut être difficile pour lui de s’adapter à autant de changements d’un seul coup. N’importe qui serait dépaysé et aurait besoin de retrouver ses repères pour se calmer!

N.B. : N’oubliez pas de vérifier, ci-bas, vos réponses à l’exercice en début d’article!

Réponses à l’exercice en début de texte

En rouge, les choses que bébé peut percevoir négativement, et en vert, les choses susceptibles de le rassurer (repères de sa vie intra-utérine).

Sensations

Dans le bedon

Hors du bedon

Vision

Lumière tamisée

Couleur rosée

Lumière tamisée dans salle d’accouchement

Néons, lumières vives, soleil tapant

Être près de maman ou papa (voit bien de proche seulement, à +/- 30 cm).

Nouvelles textures/couleurs, myopie

Ouïe

En permanence: 20-30 dB

Bruits de digestion

Battements cardiaques, respiration

Bruit doux, tamisé par l’eau

Voix de maman/papa

Bruits directs, voix fortes, cris, applaudissements, etc.

Chuchotements, voix maman/papa, calme dans la pièce

Nouvelles voix, bruits appareils médicaux, aucun bruit loin de maman, etc.

Tactile

Joue avec cordon ombilical

Milieu aqueux

Moelleux, chaud, humide

« Compacté », espace restreint, englobant

Pas de  variation de température

Il se touche lui-même

Froid, sec, nouvelles textures (serviettes), gants latex, mains inconnues, aucune apesanteur, perte du cordon (clampage précoce)

Il se FAIT toucher pour la première fois, plutôt que de toucher lui-même les choses ou se toucher lui-même.

Variations de température

Chaleur du corps (peau à peau), utilité du vernix, texture de la peau, texture moelleuse, être relié au cordon ombilical le plus longtemps possible (clampage tardif/1 à 3 minutes minimum), contact de l’eau, etc.

Mains englobantes

Chaleur humaine

Mouvements

Quand maman marche, respire, bouge, se penche, se tourne, etc.

Au début, peut faire culbutes, apesanteur/pression de l’eau

Sensation d’apesanteur disparue, mouvements plus difficiles à faire, coincé dans une couverture, aucun mouvement, loin de maman, etc.

Immobilité est un nouveau concept pour lui.

Peau à peau sans être coincé dans une couverture, écoute du cœur maternel, mouvements (bercements, marche, balancements, etc.), etc.

Goût

Boit le liquide amniotique. Goûte à tout ce que maman ingère. Change de goût toutes les 3 heures.

Lait maternel goûte même chose que le liquide amniotique, n’a pas besoin d’être digéré (colostrum), rassurant, température corporelle, contient de bonne bactéries, etc.

Lait maternisé a un nouveau goût, une nouvelle odeur et doit être digéré par son système digestif encore immature les premières heures.

Odorat

Par le goût, il reconnaît les odeurs du liquide amniotique.

Reconnaît l’odeur du lait maternel et des phéromones de maman/papa.

Seul dans une pièce, incubateur, = aucune odeur connue ni aucun présence humaine

Parfums

*Premières odeurs senties resteront fortement ancrées dans sa mémoire. Très important de laisser papa, maman, bébé seuls, ensemble. Il apprend à reconnaître les odeurs des parents et s’en rappellera, ce sera une odeur rassurante pour lui.

Classé sous :Allaitement & Maternage, Blog Balisé avec :Bébé, foetus, naissance, nouveau-né, Partager

Alexandra Toupin Toupin

Alexandra est une femme on ne peut plus touche-à-tout : du milieu aquatique (monitrice de natation et de conditionnement physique aquatique), en passant par l’étude de la psychologie, de la sexologie et de la périnatalité (accompagnement à la naissance/doula), sa soif d’apprendre ne cesse de croître. C’est sa curiosité insatiable et son entêtement qui l’amènent à se persuader qu’elle n’en sait jamais assez et qui la poussent à en apprendre toujours plus dans des domaines tellement diversifiés. Elle prend un malin plaisir à tout remettre en question, sans cesse, et à redécouvrir la vie, chaque jour sous un nouvel angle.

Commentaires

  1. Karine Sananes dit

    12 juin 2017 à 11:20 am

    Bonjour et surtout bravo pour votre article qui présente de façon claire et imagée les différentes adaptations auxquelles le bébé doit faire face en sortant du ventre de sa maman.
    J’ai écrit pour mon propre site 2 articles dans la meme veine que le vôtre et j’avais envie de vous les présenter ici, avec votre permission:
    http://moments-de-bebe.fr/mon-bebe-dans-tous-les-sens/
    http://moments-de-bebe.fr/mon-bebe-demenage/
    En effet, mon domaine d’activité tourne autour du nourrisson puisque je suis instructrice en massage pour bébé et marraine d’allaitement.
    Dans l’attente de vous lire prochainement, je vous souhaite une bonne continuation et vous félicite encore pour votre site!

    Répondre
  2. Blandine dit

    23 septembre 2017 à 1:55 pm

    Bonjour,

    Vous oubliez des choses …
    par ex, le foetus est synesthète : les sensations qu’il reçoit arrivent à tous les sens en même temps … A terme, par ex, le son, il l’entend, il le sent sur sa peau, il le goute, il le sent, il le voit …

    On peut parler aussi de ce qu’il a subi pendant sa naissance, les produits, l’oxygènation réduite grâce à la position à la con sur le dos, les contractions trop souvent cadencées de façon mécanique (et pénible pour être soft pour lui) par l’ocyto, l’extraction que ls mains de la sf ou du toubib lui inflige brutalement dès qu’il commence à dégager sa tête … (et ça c’est dans le meilleur des cas, quand il n’a pas droit à être extrait violemment par césa programmée ou forceps …) …

    Donc les sensations qui l’assaillent lors d’une naissance « normale » en maternité « normalement pas à l’écoute », ce sont pire que des tsunamis qui frappent à toutes ls portes de ses perceptions en même temps : lumière, sons, odeurs, SEUL … sans oublier la pesanteur qu’il expérimente pour la première fois, le froid, et la douleur – parce que ce qu’on lui inflige à la naissance par protocole c’est pas une partie de plaisir 🙁 … (et la douleur, il ne l’a jamais connue avant …) etc …

    Répondre

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