Quand me faire mal me faisait du bien.

Ton univers semble noir. Tu ne sais pas qui tu es, les émotions sont comme des vagues qui déferlent sur toi. Tu te sens perdu, cherchant ton chemin à l’aveuglette.

Tu ne souhaites qu’une chose, que cette souffrance qui t’habite disparaisse.

Un jour alors que j’étais adolescente, je me sentais exactement comme ça et j’ai réalisé que le mal que je ressentais à l’intérieur me semblait incontrôlable mais que ma douleur physique, elle, je pouvais la contrôler.

Je pouvais décider quand ça commence et quand ça arrête.

J’avais le contrôle sur quelque chose alors que j’avais l’impression que ma vie me filait entre les doigts.

Cette douleur que je m’imposais me permettais de combler le vide si profond qui m’habitais, d’oublier la violence que j’avais vécue durant ma journée.

Ce vice est tranquillement devenu une dépendance. Un peu comme un héroïnomane a besoin de sa dose pour geler sa douleur, l’automutilation était mon héroïne. Me soulageant momentanément de ce mal de vivre qui me grugeait.

Je ne voulais pas réellement partir je voulais juste arrêter d’avoir mal. C’est ça l’automutilation, c’est un appel à l’aide.

J’ai longtemps gardé le silence sur cette pratique, étant persuadée que j’étais seule et que personne ne pouvait comprendre comment je me sentais, qu’on me jugerait. Au contraire, on a voulu m’aider, on ne m’a même pas trouvé étrange, je n’étais pas seule et il y avait des solutions.

Du courage ça n’en prend pour s’ouvrir à un autre être humain, en parler, c’est probablement l’étape la plus difficile, ça l’a été pour moi.

Mais cela m’a également entrainé sur le chemin de la guérison. J’ai appris qu’il n’existe pas que deux émotions ; la colère et la joie, il y en a une multitude. Avec de l’aide il est possible de sortir de ce fléau et apprendre à gérer ces émotions qui nous donne tant de fils à retorde.